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Petits et grands…commencements.

Bientraitance, encore un mot nouveau, et des plus bizarre…

Un néologisme visiblement élaboré à partir de son contraire, la maltraitance.


Quand « traiter » perd son sens habituel positif, on en vient à inventer un mot miroir, d’où la naissance de bientraitance à partir de maltraitance. Est-ce qu’il viendrait à l’idée d’un médecin de dire qu’il « bientraite » un patient ? Non, bien sûr. Le médecin « traite » un patient, le bien étant sous-entendu.

Et en septembre dernier, la communauté médicale a cru bon d’apporter sa caution scientifique en raison de la multiplication des cas de maltraitance liés au vieillissement de la population et de la progression des maladies cognitives.

Il n’y a pas si longtemps, la dite communauté médicale aurait rappelé quelle est la norme, déploré les trop nombreuses déviances du comportement « moderne » et suggéré que la nature humaine étant foncièrement bonne parce que d’essence divine, il devenait urgent d’assainir la situation.


Mais revenons aux usages devenus la norme en occident aujourd’hui.

Vous avez rendez-vous chez votre médecin. Vous entrez dans la pièce de consultation, le médecin vous invite à vous asseoir, prend place devant son ordinateur et commence à pianoter. L’ordinateur continuant à monopoliser l’attention du médecin, au bout d’un moment vous commencez à vous inquiéter. Les examens ne seraient-ils pas de bon augure ? Puis un moment plus tard, vous vous interrogez sur l’utilité de votre présence face à la concurrence de cette redoutable machine. Et encore un peu plus tard, vous finissez par vous demander s’il y a la moindre chance d’espérer rencontrer le regard de votre médecin et savoir de quoi il retourne. Pas grave, vous dites-vous, l’important n‘est-il pas de se faire délivrer un précieux traitement validé par les précieux examens ?


Voilà pourtant une première maltraitance, certes inconsciente : les données sont « bien » traitées, mais la personne humaine est passée au second plan, même si son exclusion peut aller de pair avec la compétence et la déontologie du médecin.


Pourtant, un regard, un sourire, plus qu’une simple politesse lorsqu’il vient du cœur, aurait pu être déjà le commencement d’un premier vrai traitement. Le commencement, par où re-commencer chez nous, telle est la question. Aucun médecin n’ignore l’aspect empathique de son métier, déterminant pour la bonne observation du traitement prescrit. Pas plus qu’il n’ignore que sans confiance, les soins sont moins efficaces.


Les commencements sont toujours petits avant de se transformer en grandes choses. Mais selon la direction qui leur est donnée, ils peuvent bifurquer du tout au tout. Il y a les commencements qui partent du haut et ceux qui partent du bas ; ceux qui viennent du Ciel et ceux qui viennent de la Terre disent plus joliment les Chinois.


Selon la médecine traditionnelle chinoise, les commencements partent du Ciel : il est recommandé au thérapeute de commencer par pratiquer la méditation s’il veut optimiser ses soins. C’est une véritable éducation par le cœur qui lui est proposé. La philosophie chinoise insistant sur l’importance des relations humaines et de leur bon fonctionnement par la transmission de ce qui est authentique, tout être humain participe du Ciel et de la Terre, et dans cet ordre. Le médecin résulte donc de la compénétration de leurs souffles, c’est-à -dire de leurs interactions, et il y répond dans cet ordre. Médiateur bienveillant, ayant bien compris sa position entre le Ciel et la Terre, le médecin répond au Ciel en commençant par ouvrir son cœur en méditant.

Une fois le cœur ouvert, l’esprit désormais bien orienté, il devient alors l’intervenant capable d’harmoniser les souffles du patient. Pour le dire plus clairement, mais moins poétiquement que les Chinois, il peut alors soigner par le bas (la Terre), ce qui a commencé à être traité par le haut (le Ciel).

Ainsi que pourrait l’exprimer un adepte du Dao, n’est-ce pas là le premier pas d’un voyage vers le Grand Commencement ?





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